Dès le début de la grossesse, la poitrine se prépare à allaiter : les seins augmentent de volume, l’aréole prend une couleur plus foncée et les mamelons deviennent plus durs et plus saillants, avec parfois quelques écoulements de colostrum en fin de grossesse. Aucune préparation n’est nécessaire pour préparer les seins, endurcir les mamelons ou les faire ressortir, même en cas de mamelons rétractés ou peu extensibles. Au final, le plus important pour se préparer à l’allaitement est de s’informer sur les grands principes de la lactation.
L’OMS recommande de débuter l’allaitement dans l’heure qui suit la naissance, si la santé du bébé et de sa maman et les conditions le permettent bien sûr. Cette tétée précoce en salle de naissance permet de débuter l’allaitement dans les meilleures conditions. Dès sa première heure de vie, le nouveau-né est dans un état d’hyper-vigilance, et son réflexe de succion est optimal. Grâce à ses réflexes innés, il va trouver naturellement le sein de sa maman, pour peu qu’on le mette dans de bonnes conditions, idéalement en peau-à-peau. Du côté de la maman, cette tétée précoce va déclencher la sécrétion de prolactine et l’ocytocine, les hormones de production et d’éjection du lait, donnant ainsi le coup d’envoi de la lactation.
Pour autant, l’allaitement n’est bien sûr pas compromis si cette tétée précoce ne peut avoir lieu en raison d’un accouchement prématuré ou d’une césarienne par exemple. Si la maman souhaite allaiter, la mise au sein pourra se faire dès que sa santé et celle de son bébé le permettent, avec l’aide de l’équipe médicale pour trouver la position la plus adaptée notamment.
La lactation obéit à la loi de l’offre et de la demande. Plus le bébé tète et plus sa technique de succion est efficace, plus les récepteurs à prolactine sur l’aréole sont stimulés, plus la sécrétion de prolactine et d’ocytocine est importante, et plus la production de lait est élevée. Plus le bébé tète, plus les cellules sécrétrices sont vidangées et plus elles vont produire du lait. Pour produire du lait, le bébé doit donc pouvoir téter aussi souvent qu’il le désire. C’est le principe de l’allaitement à la demande. Seul l’allaitement a` la demande permet au nourrisson de réguler ses besoins nutritionnels et d’entretenir une lactation permettant de répondre à ces besoins.
Chaque bébé étant différent, il n’y a pas de limite au nombre de tétées, ni d’intervalle minimum à respecter. En moyenne, un bébé peut téter 8 à 12 fois par 24 heures, y compris la nuit pendant les premiers mois. Ce rythme évolue au fil des semaines et même des jours, le bébé rencontrant parfois des « pics de croissance » où il demande très fréquemment le sein. Tenter de réduire le nombre de tétées, de « caler » son bébé sur un rythme fixe est préjudiciable à la poursuite de l’allaitement.
Le bébé peut aussi prendre un seul sein à chaque tétée, ou les deux, et ce rythme peut changer au fil des jours et même de la journée. En pratique, il est conseillé de donner un sein jusqu’à ce qui le lâche de lui-même, et s’il semble avoir encore faim, lui proposer l’autre sein qu’il prendra autant de temps qu’il le souhaite, ou pas du tout. Penser également à alterner les seins d’une tétée à l’autre.
Pour la bonne mise en route de l’allaitement, il est important de garder le bébé près de soi. Cette proximité favorise l’allaitement à la demande et aide la maman à reconnaître les signes qui montrent que le bébé est prêt à téter (mouvements réflexes alors qu’il est somnolent, bouche ouverte, gémissements, bouche qui cherche). En effet il n’est pas nécessaire, voire même déconseillé, d’attendre qu’il pleure pour lui proposer le sein, cela rend généralement plus compliquée la mise au sein. Mieux vaut pratiquer « l’allaitement à l’éveil ».
Le peau-à-peau favorise également l’allaitement. Loin d’être réservé à la salle de naissance, il est possible de le pratiquer de retour à la maison.
Avec des tétées à la demande, une bonne prise du sein est l’autre pilier de base de l’allaitement. Le bébé doit en effet téter efficacement pour stimuler les récepteurs situés sur l’aréole du sein, vider le sein, mais aussi ne pas blesser le mamelon avec un traction trop forte ou asymétrique. L’allaitement ne doit pas être douloureux. La douleur est un signal d’alerte indiquant une mauvaise succion.
Pour une succion efficace, quelques critères doivent être respectés :
Différents signes indiquent que le bébé tète bien :
Il n’existe pas « une » position d’allaitement idéale, mais plusieurs positions, dont les plus connues sont :
A la maman de choisir celle qui lui convient le mieux, en fonction des circonstances. L’essentiel est que la position permette une bonne succion du bébé, tout en étant confortable pour la maman, sans occasionner de douleurs aux mamelons.
Ces dernières années, on recommande de plus en plus le biological nurturing, une approche instinctive de l’allaitement. Selon sa conceptrice Suzanne Colson, consultante en lactation américaine, le biological nurturing vise à favoriser les comportements innés de la maman et de son bébé, pour un allaitement serein et efficace. Ainsi, en biological nurturing, la maman donne le sein à son bébé en position inclinée plutôt qu’assise, ce qui est plus confortable. Naturellement, elle va faire un nid avec ses bras pour guider son bébé qui, de son côté, va pouvoir mettre à profit tous ses réflexes pour trouver le sein de sa maman et téter efficacement.
Différents signes indiquent que les besoins nutritionnels du bébé sont comblés :
Parallèlement, l’allaitement ne doit pas occasionner de douleurs. Des douleurs au sein, des crevasses ou un engorgement sont généralement le signe que le bébé tète mal. Il convient alors de corriger la position du bébé au sein. Si les douleurs persistent, d’autres causes sont à envisager : un frein de langue trop court qui empêche bébé de bien téter par exemple.
Aussi, il est essentiel de se faire aider en cas de difficultés. Aussi naturel soit-il, l’allaitement nécessite parfois le soutien d’un professionnel. Une aide extérieure, par une personne spécialiste de l’allaitement (sage-femme titulaire d’un DIU Allaitement, conseillère en lactation IBCLC) permet de surmonter les difficultés de l’allaitement avec des conseils avisés, et de rassurer la maman sur sa capacité à nourrir son bébé.